C’est un secret de polichinelle que l’Algérie est l’une des grandes nations du football africain. Avec un riche palmarès et des moments inoubliables, les Fennecs ont écrit des chapitres majeurs de l’histoire de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en livrant des copies étincelantes.
Afrik11 vous propose une rétrospective sur leurs cinq meilleures performances dans cette prestigieuse compétition pour les Guerriers du désert.
#1 CAN 1980 : Une finale prometteuse
Après sa première participation à l’édition 1968, l’Algérie a réussi à se qualifier pour l’édition suivante, qui est celle de 1980 où elle a été flamboyante. Pour la première fois de son histoire, l’Algérie a atteint la finale de la Coupe d’Afrique des Nations en 1980 au Nigéria. Après un match nul contre le Ghana (0-0), deux victoires notamment contre le Maroc (1-0) et contre la Guinée (3-2), les Fennecs se sont défaits de l’Égypte aux tirs au but (2-2, t.a.b 4-2).
Mais en finale, l’Algérie s’incline contre le Nigéria (3-0). Bien que les Verts se soient inclinés face au pays hôte, cette édition a montré le potentiel énorme de l’équipe algérienne. Ce parcours marquait le début d’une époque faste pour le football algérien. Un des acteurs de cette finale, Lakhdar Belloumi se rappelle les bons moments comme si c’était hier :
Ce fut notre première finale dans une CAN. Personne ne donnait cher de notre peau avant le tournoi, mais nous avons réussi à déjouer tous les pronostics et atteindre la finale après un parcours sans faute. Mieux, nous aurions pu triompher, n’étaient-ce certains facteurs exogènes qui nous ont joué un mauvais tour.
Cette finale de 1980 était tout simplement les premiers fruits de la réforme sportive (1977). Nous disposions d’une génération de joueurs pétris de qualités et qui étaient tous issus du championnat algérien.
Nous avions préparé cette CAN au Bénin, pays limitrophe du Nigéria et dont les conditions climatiques sont pratiquement les mêmes. Nous y sommes restés pendant deux semaines, ce qui nous a permis de bien s’acclimater auxdites conditions et arriver à Lagos, que nous avions rejoint par bus sur une distance de 400 km, très bien préparés sur tous les plans. Je me rappelle que pendant notre séjour au Bénin, nous avions disputé deux matchs amicaux contre deux clubs locaux qui nous ont aidés à bien peaufiner notre préparation.
Malgré notre parcours très honorable dans cette compétition, nous avions eu énormément de regret à l’issue de la CAN, car nous étions tous persuadés qu’il y avait de la place pour faire mieux, n’étaient-ce certains facteurs extra-sportifs qui nous ont valu une sévère défaite en finale.
#2 CAN 1982 : Une progression notable
Depuis, les Guerriers du désert sont devenus des habitués de la compétition continentale. Lors de la CAN 1982 en Libye, l’Algérie a confirmé sa stature croissante en atteignant les demi-finales. Vainqueurs de la Zambie (1-0) et du Nigéria (2-1), les Verts ont été contraints au partage des points par l’Ethiopie (0-0) lors de la dernière journée.
Qualifiés pour les demi-finales, les Verts, alors dirigés par Mahieddine Khalef et Rachid Mekloufi, ont été battus par le Ghana (3-2) en prolongations. Les Fennecs ont terminé à la quatrième place. Ce tournoi a été marqué par des performances solides et un jeu collectif qui augurait des jours meilleurs.
#3 CAN 1990 : Le sacre historique
Organisée sur son sol, la CAN 1990 reste un moment de gloire absolu pour l’Algérie. Portés par un public bouillant et une génération dorée avec Rabah Madjer et Lakhdar Belloumi pour leur septième participation à la compétition, les Fennecs ont survolé la compétition. Impeccables, les Verts ont étrillé le Nigéria (5-1) lors de la première journée avant de s’offrir la Côte d’Ivoire (3-0) et l’Egypte (2-0).
L’Algérie n’a pas éprouvé de difficulté à se débarrasser du Sénégal (2-1) en demi-finales. En finale, cela a été un remake de l’édition 1980. Mais l’Algérie a pris sa revanche sur le Nigéria en s’imposant sur le score étriqué de 1-0 contre les Super Eagles grâce à un but de Chérif Oudjani. Une victoire, qui a couronné le parcours parfait des hommes encadrés par Abdelhamid Kermali. Ce trophée, le premier pour l’Algérie, symbolise leur ascension au sommet du football africain.
Unique buteur de la finale, Chérif Oudjani se rappelle et décrit son but au micro de Onze Mondial en mars 2020 :
En somme, c’est une action de but assez classique. Ça démarre avec notre défenseur central, Abdelhakim Serrar, qui sert au milieu Moussa Saïb. Là, je décroche, il me voit et me donne le ballon, à une vingtaine de mètres du but adverse. J’effectue un contrôle orienté et me met dans le sens du but. Instinctivement, je marque d’une frappe enroulée, du droit, à mi-hauteur. Moi qui avais plutôt l’habitude de marquer des buts de surface, je venais de changer de registre. C’est la plus grande émotion de ma carrière. Je suis fier parce que la veille, sans que je le sache, mon père (Ahmed) s’était déplacé pour venir m’encourager avant ce match. Il a été une figure de l’équipe du FLN mais aussi un joueur important de l’histoire du RC Lens.
#4 CAN 2010 : Le retour en force
Après des années difficiles, l’Algérie a retrouvé les sommets lors de la CAN 2010 en Angola. Sous la conduite de Rabah Saâdane, l’équipe a atteint les demi-finales après une victoire épique contre la Côte d’Ivoire (2-3) en prolongations. Malheureusement, les Verts auront été éliminés par l’Égypte (4-0) en demi-finale.
L’Algérie a perdu face au Nigéria (1-0) lors du match de classement. Bien qu’éliminés, cette édition a renforcé la ferveur autour des Fennecs.
#5 CAN 2019 : Le retour au sommet
Après une période de disette, les Fennecs ont brillé sous la direction de Djamel Belmadi. Avec un collectif impressionnant et un Riyad Mahrez étincelant, l’Algérie a dominé ses adversaires. En cette période où les Verts vivaient leur meilleure série d’invincibilité de tous les temps, ils ont terrassé tout sur leurs chemins. Avec un 3/3 en phase de groupes, les Algériens éliminaient la Guinée (3-0) en huitièmes de finale avant de se qualifier pour les demi-finales à la suite de leur victoire contre la Côte d’Ivoire (2-2, t.a.b 3-4) aux tirs au but.
Tombeurs du Nigéria au dernier carré, les Fennecs retrouvent le Sénégal en finale. Là, un but rapide de Baghdad Bounedjah dès la 2e minute de jeu a suffi pour battre les Lions de la Téranga 0-1. Ce deuxième titre a non seulement ravi les supporters, mais a aussi réaffirmé la place de l’Algérie parmi les grandes puissances africaines du cuir rond. Sélectionneur de l’Algérie, Djamal Belmadi était comblé de joie après le deuxième sacre des Verts :
C’est extraordinaire, c’est historique ! C’est la première CAN que l’on gagne en dehors de nos frontières. On a gagné en 1990, depuis ça a été un long passage, vide. Et ce pays, cette équipe… On a un pays de football, vous le savez, et on mérite, on mérite.
Ce match a été très compliqué, très difficile. On a eu affaire à une grosse cylindrée, une grosse nation classée numéro 1 en Afrique. On savait que ça allait se jouer sur un détail et les garçons ont tenu. Avec le tournoi qu’on a fait, meilleure attaque, meilleure défense, que demander de plus ?
Moi, sans les joueurs, je ne suis absolument rien. On a tendance à l’oublier, ce sont eux qui sont les acteurs principaux. J’imagine qu’on a pu apporter, le staff technique et moi-même, notre pierre à l’édifice, faire en sorte de guider cette génération et ses joueurs talentueux. Mais derrière, ce sont eux qui sont à l’intérieur (du terrain, ndlr) et qui jouent. Ce sont eux qui appliquent les consignes et ils les ont merveilleusement bien appliquées.
Edition CAN | Match | Score |
1980 | Finale Nigéria-Algérie | 3-0 |
1982 | Demi-finale Ghana-Algérie | 3-2 |
1990 | Finale Algérie-Nigéria | 1-0 |
2010 | Demi-finale Egypte-Algérie | 4-0 |
2019 | Finale Sénégal-Algérie | 0-1 |